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Un creux de vague, ça arrive à tout le monde

Un creux de vague, ça arrive à tout le monde. À moi aussi. J’en expérimente un en ce moment.

C’est certain que, faisant le métier que je fais, les gens ne s’attendent pas à ce que je traverse des creux. Ou du moins, ils s’attendent à …

« Mais voyons Linda!  Ris! Ça va aller mieux! »

Chaque fois que j’entends cette phrase, je grinche un peu des dents parce que, oui, rire permet de se sentir mieux et de traverser la tourmente en gardant le cœur plus léger certes.

Mais…

Les creux de vague sont là. On ne doit surtout pas les ignorer, les repousser, chercher à en sortir rapidement à tout prix. Ça ne réglerait rien. En plus, j’ai l’impression que ça empirerait même les choses parfois que d’essayer de fuir ou d’oublier.

Sans entrer dans les détails, la dernière année m’a fait vivre des choses vraiment intenses. J’ai accompagné une amie très chère dans les derniers mois de sa vie à Toronto et, j’ai été auprès d’elle jusqu’à la fin alors qu’elle a pu recevoir l’aide médicale à mourir. Des montagnes russes d’émotions. Un privilège d’être auprès de quelqu’un qui est dans ma vie depuis presque 30 ans, de célébrer ses accomplissements, d’être une présence aimante, souriante et rassurante pour elle, d’être témoin de sa générosité envers tant de personnes au cours de sa vie trop courte. De l’accompagner vers « le beau grand jamais vu« . Oui. Un privilège.

Un grand défi de garder le cap, de rester fidèle à mes engagements de yoga du rire (je fais les séances sur Urgence Rire 3 fois par semaine et sur RigoloZoom une fois par semaine) en plus de mes conférences et ateliers avec de nombreux groupes et équipes de travail. J’ai pourtant réussi. Ne me demandez pas comment! Pendant un an.

C’est en ce moment que « la chose me rattrape ». À tout tenir en équilibre pendant presqu’un an, mon corps me demande maintenant de ralentir et de prendre le temps de me bercer doucement. Alors j’écoute et je fais.  Sans chercher à faire comme si tout allait bien ni à courir après les solutions miracle qui feraient disparaitre le mal-être temporaire. Je reste présente et en pleine conscience.

Je vous partage tout ça car je suis persuadée que vous vous reconnaîtrez peut-être dans ce que j’écris aujourd’hui.  Vous vivez aussi ces passages à vide qui se présentent parfois dans notre vie. Ces moments à ne pas trop se reconnaître. À vouloir tout bousculer pour que la sensation de mélancolie, de chagrin, de douleur, de morosité s’en aille et qu’elle soit remplacée par le calme, la sérénité, l’énergie et la bonne humeur. Nous voudrions que le soleil brille… en tout temps.

Et je trouve que l’expression « creux de la vague » est une très bonne représentation visuelle de ce qui se passe à l’intérieur de nous et de nos émotions.

Avez-vous déjà été sur une embarcation qui navigue sur une mer agitée (un lac ou des rapides)? Si vous n’avez jamais expérimenté la chose, vous avez certainement vu un film où l’on voit la mer qui se déchaîne, les vagues qui entourent le navire et forment une forteresse infranchissable avec des déferlantes qui peuvent atteindre 9 mètres de haut.  Les hauts et les bas de la vie.

Si vous avez déjà vécu une tempête en mer, vous vous souvenez probablement de la sensation du navire lorsqu’il est en haut de la vague et de celle lorsqu’il est au creux de la vague.  Même si nous avons un peu peur, nous SAVONS que nous ne resterons pas en haut, ni en bas de la vague! Que l’un comme l’autre sont des étapes et des cycles qui se suivent et qui PASSENT. Jusqu’à ce que la tempête se calme.

Nicole Bourget qui m’a enseigné à l’université nous martelait dans ses cours que « ce à quoi on résiste persiste ».

Alors aucune intention de résister en ce moment. Je me laisse aller toucher le fond de la vague car j’ai la certitude profonde que je vais remonter et surfer sur la crète de la prochaine!

Inutile de chercher à fuir la tempête. Elle est là… et elle est TEMPORAIRE.

Et c’est ce que je me répète depuis quelques semaines. Tout ceci est TEMPORAIRE.

Je vis ce que j’ai à vivre dans cette expérience et je SAIS que je ne suis pas « comme ça » pour toujours.  La preuve?  Je suis capable de vous en parler. En toute simplicité et transparence. Je suis capable de le faire parce que j’en ai la CERTITUDE! C’est TEMPORAIRE.

Gardons espoir.

Rire, joie et santé

Linda

p.s.: C’est aussi ce que le RIRE DE PLEURS nous enseigne.

p.p.s.: Je vous ai inséré des liens vers deux magnifiques chansons qui vont bien avec ce que j’écris ici. La première de Michel Rivard (Le beau grand jamais vu) et la seconde de mon amie Lucie Raîche (Un arbre à la terre)

p.p.p.s.: et pour être certaine de ne pas l’oublier, je me suis mis un rappel juste là, au coin de mon écran d’ordinateur!

p.p.p.p.s.: La chouette image est d’Amélie Montplaisir et elle s’appelle « Surfeuse sereine » J’ai la reproduction dans mon bureau! Surfer sur la vague…

L’amour est partout

C’est la conclusion que je me suis faite hier alors que je recevais de l’amour de la part d’une personne qui aurait pu sembler plus qu’improbable.

L’amour est partout.

Peu de personnes sont au courant mais je suis en ce moment à Toronto depuis un peu plus d’un mois pour y accomplir une mission importante. Celle d’accompagner une grande amie dans ses derniers moments de vie humaine. Importante, difficile, triste, magnifique, privilégiée. Qualificatifs qui vont bien avec ce qui s’est passé.

Cette amie a pris une belle place dans ma vie depuis près de 30 ans. D’abord ma patronne lorsque j’ai travaillé à la Fondation de l’hôpital de Montréal pour Enfants où je l’ai connue comme une femme déterminée, solide, visionnaire, généreuse, parfois bousculante mais toujours juste. Un peu « bulldozer » mais surtout du genre qui VOIT le potentiel des employés et qui les force à se dépasser.

Quelques mois après qu’elle eut quitté ce poste, nous nous sommes revues « socialement » et au fil des mois, nous sommes devenues amies. Passer du « vous » au « tu » avait été un défi pour moi!

De fins de semaines à sa maison à la campagne, aux séjours estivaux dans le Maine, dans ce qui est devenu un véritable havre où nous pouvions refaire nos forces après des mois de travail éreintant et où nous arrivions toujours exténuées et prêtes à faire le vide, nous avons accumulé des souvenirs complices et souriants.

Pendant le dernier mois où j’étais auprès d’elle, nous nous sommes rappelées des petits endroits que nous avons explorés ensemble, à l’affût de la trouvaille amusante ou utile. Des antiquaires où elle aimait fouiner. Des paysages magnifiques… Elle me racontait ses voyages, les personnes rencontrées, les défis surmontés, les coups durs, la beauté du monde.

Je n’ai aucune autre amie qui me dit quand je lui demande ce que des pétales de rose font dans un petit contenant « Ça vient d’une rose sur le cercueil de Mère Teresa quand je suis allée aux funérailles avec madame Chrétien et la délégation canadienne » ou alors que je fais le tri de ses photos et lui demande si c’est bien elle avec la reine Elizabeth « Je lui ai été présentée à deux reprises » ou « cette photo a été prise avec… dans une léproserie en Inde » ou « J’ai acheté ça dans un marché près de… » en me nommant un pays éloigné où la majorité des gens ne mettrons jamais les pieds, où les hommes tissent des tapis magiques et où le village au complet accompli une tâche créatrice pour sa survie.

Elle est partie jeudi dernier. Sereine, le coeur rempli de gratitude, entourée d’amour et en plein soleil. J’étais auprès d’elle.

Les messages ont commencé à affluer de ses amis à travers le monde. Tous exprimaient la tristesse mais aussi la joie et la reconnaissance qu’ils avaient de l’avoir eu dans leur vie. Une femme plus grande que nature. Pas parfaite – loin de là – mais une femme qui faisait sa part pour rendre le monde plus équitable et plus beau.

Elle est partie.  Et je suis restée pour accomplir le début de la deuxième partie de ma mission. Un peu engourdie. Profondément émue et honorée d’avoir pu être avec elle au bout de ce chemin de vie.

Hier, j’avais entrepris des tâches administratives. Trier, classer, ranger pour occuper mon cerveau et tenter d’y voir plus clair.

Depuis une semaine, j’avais demandé à me faire remplacer pour mes séances de yoga du rire avec URGENCE RIRE et Rire en ligne (les séances de Corinne en France). Je n’ai pas pratiqué aussi assidument qu’à mon habitude mes exercices de rire intentionnel. Les larmes avaient la priorité! Je suis restée forte pendant des mois et il était temps de leur laisser le droit de sortir. Et elles sortaient!

Hier donc, j’ai souhaité reprendre mon créneau de 16h (heure du Québec) et proposer une séance de 10 minutes de rire intentionnel mais tout en douceur, pour ne pas me bousculer et pour éviter d’éclater subitement en sanglots comme ça m’arrive depuis quelques jours. Nous avons fait 10 minutes ensemble. Et ça m’a fait beaucoup de bien. En douceur, sans rire très fort mais je riais et c’était bon.

J’avais une dernière tâche à accomplir avant la fin de l’après-midi: aller à la banque pour les aviser du décès de mon amie et entamer le transfert de compte vers celui de la succession. Je les avais rencontrés à plusieurs reprises au cours des dernières semaines et ils ont fait preuve de beaucoup de délicatesse et de gentillesse à mon égard. J’ai tenu bon pendant que la responsable m’expliquait ce qui allait se passer et comment j’allais pouvoir procéder. C’est en sortant que j’ai « perdu mon calme » et me suis mise à pleurer alors que j’étais sur le trottoir à une heure de grande circulation. Incapable d’avancer. Je restais là à pleurer. Et les gens passaient près de moi indifférents et pressés de rentrer à la maison.

Jusqu’à ce qu’un homme qui marchait vers moi, habillé de manière vraiment extravagante et digne d’un costume assemblé de vêtements donnés, me regarde et me dise: « What’s wrong honey? Tell me. I am Mother Nature and I can help » Le regard tellement rempli de compassion et d’amour. « Qu’est-ce qu’il y a chérie? Dis moi. Je suis Mère Nature et je peux t’aider »

Cet itinérant amoché s’était arrêté pour me consoler… a voulu m’aider dans mon chagrin.

Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que, depuis des semaines, je voyais des sans abris chaque jour dans le voisinage et que les gens passent près d’eux sans s’arrêter mais aussi, que moi je ne me sentais jamais rassurée d’en croiser autant. Un homme qui hurle et gesticule et semble être en crise, ça n’a rien de rassurant j’en conviens. Et nous en croisons hélas trop en ce moment. Drogue? Santé mentale? Je ne sais pas mais je marche vite quand je sors dans ce voisinage.

Et cet homme qui parlait seul quelques instants plus tôt s’était arrêté pour me donner un peu d’amour alors que les autres passants passaient.

J’aurais voulu le prendre dans mes bras pour le remercier et l’accueillir à mon tour.

COVID oblige, je lui ai dit en m’essuyant les yeux, qu’il venait de me faire beaucoup de bien. « This, my dear, is worth a whole lot of brownie points in heaven. You are a dear dear man » « Ça, mon cher, ça vaut beaucoup de points de sucre à la crème au ciel. Vous êtes très très précieux cher homme » Et il a repris son chemin en m’envoyant un baiser de la main. Sans rien demander.

L’amour m’est arrivé sur un coin de rue d’une manière improbable et salvatrice. Le réconfort m’est arrivé de la part d’une personne qui en avait certainement autant besoin que moi. Un petit moment d’humanité profondément et intensément lumineuse.

Leçons à retenir: regarder avec les yeux du coeur. Ne pas juger. Ne pas avoir peur.  L’amour est partout.

HAHAmaste

Rire, joie et santé

Linda

Rire et larmes

Rire et larmes sont deux pôles opposés au yeux de bien des gens.  L’un est synonyme de bonheur alors que l’autre est synonyme de chagrin.

Je vis intensément les deux cette semaine alors que j’anime des programmes (conférences et ateliers) avec des groupes formidables et où je ris de tout mon coeur, et que j’apprends coup sur coup le décès de deux amis qui me sont très chers…  Je pleure à gros sanglots… et je suis remplie de gratitude pour ces personnes qui ont cru dans la grande valeur du rire et de la sororité (le mot français pour Sisterhood)… Deux personnes que j’ai aimées et qui m’ont aimée.

Pourquoi ce partage? Je le fais non pas pour solliciter votre sympathie, mais plutôt pour vous dire que malgré les larmes, je ressens une joie lumineuse dans mon coeur. Elle n’est pas éclatante mais, elle est bien là. Vivante et « installée ». Je n’en suis pas trop étonnée puisque je crois que c’est la pratique assidue du rire intentionnel qui l’a allumée!

Madan Kataria nous dit de rire malgré tout…  Ouais. Parfois, ce n’est tout simplement pas une option – comme pour moi en ce moment. Vous me diriez de rire et j’aurais bien envie de vous envoyer promener! (ou pire! hahaha)

Mais à force de rire chaque jour, c’est la joie qui s’installe… Malgré tout. Vous voyez la nuance?  Pas les rires. La JOIE. Et ça, c’est bon.

Rire, joie et santé
Votre HAHA Sister, Linda