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Sur le deuil… perdre une amie

Perdre une amie…

Le mois dernier, j’ai enregistré une vidéo un peu inhabituelle. Très vulnérable et ouverte. Sans fard ni rouge à lèvres.

Pourquoi ai-je voulu faire cette vidéo?

Pour raconter. Pour me dévoiler… et pour partager.

Si vous avez déjà assisté à l’une de mes conférences ou un atelier, vous m’avez entendu raconter comment le yoga du rire était arrivé dans ma vie. Suite à un accident de voiture – un cadeau “mal emballé” comme j’aime à le dire.

Vous m’avez aussi entendue parler de mon amie Manon chez qui je logeais pendant mon weekend de formation d’animatrice de yoga du rire à Montréal. Ma “digne” et souriante amie psychologue, gestionnaire sérieuse et responsable. Celle-là même qui me regardait rire pendant que je lui montrais comment on fait le rire de l’accueil et qui me répliquait qu’il “fallait être là”!

Elle ne pigeait pas du tout l’idée de rire intentionnellement mais était tout de même amusée de me voir aussi enthousiasmée et pétillante alors que je lui expliquais ce que nous avions fait et ce que j’avais vécu en ce premier jour de formation.

Ma belle amie Manon est décédée subitement dans son lit chez elle il y a quelques jours. En cachette… 

N’ayant pas eu de réponse à mes appels ni à mes textos, j’avais décidé d’appeler sa cousine pour lui demander si je pouvais lui laisser quelque chose pour mon amie. Et c’est elle qui m’a annoncé la triste nouvelle…

Non seulement Manon était décédée mais personne de sa famille immédiate n’ayant accès à ses contacts, je ne l’ai appris qu’une fois les funérailles passées.

Ouf!

Le lendemain, je devais me rendre à Val David pour y enregistrer un épisode de podcast avec deux magnifiques personnes, Laura et William de DoshayogaCommunity. 

Laura s’inquiétant de mon  état et de mon moral – la nouvelle m’a énormément bouleversée – me proposait de reporter la rencontre. Mais sachant que je n’allais pas être disponible plus tard, j’ai choisi d’y aller. Malgré tout.

Vous allez comprendre pourquoi.

Pourquoi je suis allée?

Je suis celle qui vous parle de joie, de rire, de bonne humeur. 

Je partage avec vous des astuces pour prendre les choses avec plus de légèreté, de bienveillance, de pétillant!

Mais le chagrin, le deuil, les coups durs, ça fait aussi partie de la vie. Pour moi comme pour vous, ça fait partie de ma vie.

Repousser ses émotions par crainte du jugement, par peur d’être incapable de “remonter la pente”, de sortir du “trou”, c’est ce que plusieurs sont tentés de faire parfois. Quand c’est trop triste, trop difficile, on tente de mettre un baume temporaire pour ne pas souffrir. Certains boivent, certains prennent des pilules. Bref, vous voyez ce que je veux dire.

Comme le disait ma professeur d’université… Ce à quoi on résiste persiste.

Je n’ai pas souhaité forcer les choses et rire à tout prix. Non. J’ai plutôt choisi de montrer qu’on peut garder un cœur joyeux malgré les deuils et les moments difficiles de la vie.

Pendant que je riais doucement avec eux, je ne pensais pas à mon gros chagrin. Je vivais tout simplement. Et je me rappelais la joie d’avoir eu une femme aussi formidable dans ma vie. Je dirais presque que j’ai senti sa présence à mes côtés pendant ces moments dans ce lieu magique.

Je ne ris pas TOUT LE TEMPS! Cette semaine, j’ai souvent expérimenté les larmes. Et c’est OK! Je SAIS que mon rire est là… juste à côté.

Ce qui s’est produit

Il y a quelques jours, je proposais aux abonnés de l’infolettre de l’École de faire un exercice. L’exercice du point noir. 

Alors que je pleurais la perte de cette amie précieuse, une personne m’a donné une formidable leçon sans le savoir.

Dans son commentaire à ma publication FB, elle m’a rappelé de penser à tout ce qui reste, tout ce qui est. De ne pas rester sur ce qui manque, ce qui n’est plus. J’étais en train de l’oublier. (Oui! Même moi j’oublie parfois!) 

Une autre m’a fait beaucoup de bien en disant que “la peine du deuil, c’est l’amour qui ne sait plus trop où aller”. En la lisant, je me suis mise à diriger tout cet amour vers elle, vers mon amie, vers le ciel, vers les oiseaux, vers les fleurs, vers ma famille… ce qui reste. Et je me suis sentie mieux.

Larmes et rire

Les larmes sont les petites cousines du rire. Elles sont très proches parfois! Et elles font aussi partie de la vie.

Je suis comme vous. Je vis des défis, des deuils, des moments moins faciles. Mais je sais que le soleil brille au-dessus des nuages et je me concentre sur ce qui est et reste.

Relevons la tête. Regardons vers le ciel. Sourions légèrement. Célébrons ce qui a été et ce qui reste.

Merci de tout mon cœur ma belle Manon d’amour.  Merci de la belle trace que tu laisses dans ma vie et dans nos cœurs.

Rire, joie et santé

Linda

L’amour est partout

C’est la conclusion que je me suis faite hier alors que je recevais de l’amour de la part d’une personne qui aurait pu sembler plus qu’improbable.

L’amour est partout.

Peu de personnes sont au courant mais je suis en ce moment à Toronto depuis un peu plus d’un mois pour y accomplir une mission importante. Celle d’accompagner une grande amie dans ses derniers moments de vie humaine. Importante, difficile, triste, magnifique, privilégiée. Qualificatifs qui vont bien avec ce qui s’est passé.

Cette amie a pris une belle place dans ma vie depuis près de 30 ans. D’abord ma patronne lorsque j’ai travaillé à la Fondation de l’hôpital de Montréal pour Enfants où je l’ai connue comme une femme déterminée, solide, visionnaire, généreuse, parfois bousculante mais toujours juste. Un peu « bulldozer » mais surtout du genre qui VOIT le potentiel des employés et qui les force à se dépasser.

Quelques mois après qu’elle eut quitté ce poste, nous nous sommes revues « socialement » et au fil des mois, nous sommes devenues amies. Passer du « vous » au « tu » avait été un défi pour moi!

De fins de semaines à sa maison à la campagne, aux séjours estivaux dans le Maine, dans ce qui est devenu un véritable havre où nous pouvions refaire nos forces après des mois de travail éreintant et où nous arrivions toujours exténuées et prêtes à faire le vide, nous avons accumulé des souvenirs complices et souriants.

Pendant le dernier mois où j’étais auprès d’elle, nous nous sommes rappelées des petits endroits que nous avons explorés ensemble, à l’affût de la trouvaille amusante ou utile. Des antiquaires où elle aimait fouiner. Des paysages magnifiques… Elle me racontait ses voyages, les personnes rencontrées, les défis surmontés, les coups durs, la beauté du monde.

Je n’ai aucune autre amie qui me dit quand je lui demande ce que des pétales de rose font dans un petit contenant « Ça vient d’une rose sur le cercueil de Mère Teresa quand je suis allée aux funérailles avec madame Chrétien et la délégation canadienne » ou alors que je fais le tri de ses photos et lui demande si c’est bien elle avec la reine Elizabeth « Je lui ai été présentée à deux reprises » ou « cette photo a été prise avec… dans une léproserie en Inde » ou « J’ai acheté ça dans un marché près de… » en me nommant un pays éloigné où la majorité des gens ne mettrons jamais les pieds, où les hommes tissent des tapis magiques et où le village au complet accompli une tâche créatrice pour sa survie.

Elle est partie jeudi dernier. Sereine, le coeur rempli de gratitude, entourée d’amour et en plein soleil. J’étais auprès d’elle.

Les messages ont commencé à affluer de ses amis à travers le monde. Tous exprimaient la tristesse mais aussi la joie et la reconnaissance qu’ils avaient de l’avoir eu dans leur vie. Une femme plus grande que nature. Pas parfaite – loin de là – mais une femme qui faisait sa part pour rendre le monde plus équitable et plus beau.

Elle est partie.  Et je suis restée pour accomplir le début de la deuxième partie de ma mission. Un peu engourdie. Profondément émue et honorée d’avoir pu être avec elle au bout de ce chemin de vie.

Hier, j’avais entrepris des tâches administratives. Trier, classer, ranger pour occuper mon cerveau et tenter d’y voir plus clair.

Depuis une semaine, j’avais demandé à me faire remplacer pour mes séances de yoga du rire avec URGENCE RIRE et Rire en ligne (les séances de Corinne en France). Je n’ai pas pratiqué aussi assidument qu’à mon habitude mes exercices de rire intentionnel. Les larmes avaient la priorité! Je suis restée forte pendant des mois et il était temps de leur laisser le droit de sortir. Et elles sortaient!

Hier donc, j’ai souhaité reprendre mon créneau de 16h (heure du Québec) et proposer une séance de 10 minutes de rire intentionnel mais tout en douceur, pour ne pas me bousculer et pour éviter d’éclater subitement en sanglots comme ça m’arrive depuis quelques jours. Nous avons fait 10 minutes ensemble. Et ça m’a fait beaucoup de bien. En douceur, sans rire très fort mais je riais et c’était bon.

J’avais une dernière tâche à accomplir avant la fin de l’après-midi: aller à la banque pour les aviser du décès de mon amie et entamer le transfert de compte vers celui de la succession. Je les avais rencontrés à plusieurs reprises au cours des dernières semaines et ils ont fait preuve de beaucoup de délicatesse et de gentillesse à mon égard. J’ai tenu bon pendant que la responsable m’expliquait ce qui allait se passer et comment j’allais pouvoir procéder. C’est en sortant que j’ai « perdu mon calme » et me suis mise à pleurer alors que j’étais sur le trottoir à une heure de grande circulation. Incapable d’avancer. Je restais là à pleurer. Et les gens passaient près de moi indifférents et pressés de rentrer à la maison.

Jusqu’à ce qu’un homme qui marchait vers moi, habillé de manière vraiment extravagante et digne d’un costume assemblé de vêtements donnés, me regarde et me dise: « What’s wrong honey? Tell me. I am Mother Nature and I can help » Le regard tellement rempli de compassion et d’amour. « Qu’est-ce qu’il y a chérie? Dis moi. Je suis Mère Nature et je peux t’aider »

Cet itinérant amoché s’était arrêté pour me consoler… a voulu m’aider dans mon chagrin.

Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que, depuis des semaines, je voyais des sans abris chaque jour dans le voisinage et que les gens passent près d’eux sans s’arrêter mais aussi, que moi je ne me sentais jamais rassurée d’en croiser autant. Un homme qui hurle et gesticule et semble être en crise, ça n’a rien de rassurant j’en conviens. Et nous en croisons hélas trop en ce moment. Drogue? Santé mentale? Je ne sais pas mais je marche vite quand je sors dans ce voisinage.

Et cet homme qui parlait seul quelques instants plus tôt s’était arrêté pour me donner un peu d’amour alors que les autres passants passaient.

J’aurais voulu le prendre dans mes bras pour le remercier et l’accueillir à mon tour.

COVID oblige, je lui ai dit en m’essuyant les yeux, qu’il venait de me faire beaucoup de bien. « This, my dear, is worth a whole lot of brownie points in heaven. You are a dear dear man » « Ça, mon cher, ça vaut beaucoup de points de sucre à la crème au ciel. Vous êtes très très précieux cher homme » Et il a repris son chemin en m’envoyant un baiser de la main. Sans rien demander.

L’amour m’est arrivé sur un coin de rue d’une manière improbable et salvatrice. Le réconfort m’est arrivé de la part d’une personne qui en avait certainement autant besoin que moi. Un petit moment d’humanité profondément et intensément lumineuse.

Leçons à retenir: regarder avec les yeux du coeur. Ne pas juger. Ne pas avoir peur.  L’amour est partout.

HAHAmaste

Rire, joie et santé

Linda